Corsair - Ai France se disputent à nouveau Abidjan

La croissance à deux chiffres du trafic aérien entre Paris et Abidjan attire des convoitises. Et il est tentant pour une compagnie aérienne comme Air France de s'y installer en monopole, ce qui permet de maîtriser la politique tarifaire. De 2013 à 2015, avec la concurrence de Corsair sur la ligne de Paris, les tarifs moyens avaient baissé de 30 %, alors qu'auparavant la tendance haussière était de 15 %. Et, après le retrait de Corsair, le prix du billet est reparti à la hausse, constate la chambre de commerce d'Abidjan. Alassane Ouattara, président de la Côte d'Ivoire, avait clairement indiqué à Alexandre de Juniac, PDG d'Air France-KLM, lors d'une récente rencontre que la situation de monopole ne pouvait perdurer. En même temps, l'État et l'aéroport s'engageaient à modérer les taxes et les redevances. « Cela pouvait atteindre 10 % du prix du billet », constate Antoine Huet, directeur général adjoint commercial de Corsair international. Le prix du baril de pétrole redevenu raisonnable a fait le reste, permettant à Corsair d'assurer à nouveau la desserte depuis le 13 juin avec un modèle économique pérenne. Mais cela ne concerne pas que les vols vers la France. L'ensemble des destinations au départ d'Abidjan devrait voir le prix moyen du billet baisser. C'est mathématique, sauf si des transporteurs en situation de monopole sur certaines lignes décident de garder dans leurs poches ces diminutions de taxes.

Baisse de 10 % du prix des billets

Pour le passager, le prix du billet est devenu plus accessible, comme le montre cette simulation tarifaire Paris-Abidjan et retour du 17 au 24 juin. Royal Air Maroc offre le meilleur tarif à 488 euros, mais avec une escale à Casablanca. En vol non-stop, Corsair vers Orly ressort à 621 euros et Air France vers Roissy-CDG à 1 796 euros. Le tarif presque trois fois plus élevé de la compagnie nationale française s'explique en partie par l'attrait de l'Airbus A380 qui vient à Abidjan entre trois et quatre fois par semaine. Les billets chez Turkish Airlines via Istanbul et chez Ethiopian Airlines via Addis-Abeba coûtent respectivement 715 et 821 euros, avec des temps de voyage qui explosent, mais restent moins chers qu'Air France. L'avion dédié à la ligne par Corsair est un A330-300 de 360 sièges, dont 26 en Grand Large, la classe premium. Mais la compagnie du groupe TUI ne s'interdit pas d'utiliser un de ses trois Boeing 747 de 533 sièges, notamment lors des pointes de la fin août. Corsair pense transporter 100 000 passagers en année pleine, soit un quart du trafic entre Paris et Abidjan.

Air France, qui a transporté 241 000 passagers en 2015, a récemment été obligée de doubler ses vols quotidiens vers Abidjan pour permettre le relais des équipages. Ceux-ci ne peuvent plus séjourner en escale à Ouagadougou et à Bamako dans le contexte géopolitique actuel. « Cela permet d'assumer la croissance à deux chiffres de cette capitale économique qu'est Abidjan, et c'est la seule ligne d'Afrique hors Maghreb qui compte deux fréquences par jour », se félicite Frank Legré, directeur Afrique à Air France, souvent obliger de jongler avec la « turbulence » de son réseau.

Près de cinq millions de passagers en 2020

Grand gagnant de cette guerre des compagnies, l'aéroport d'Abidjan compte les points et encaisse les redevances. Géré par Aeria, une filiale du groupe français d'ingénierie Egis, l'aéroport connaît une forte croissance. 1 572 000 passagers l'ont emprunté en 2015, soit 20 % de plus que l'année précédente. Avec le support de la compagnie régionale Air Côte d'Ivoire qui disposera de dix avions à la fin de l'année, Abidjan va se développer en hub, devenant le barycentre de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, entre l'Afrique anglophone et l'Afrique francophone. Cette stratégie intéresse particulièrement Air France qui compte opérer en partenariat avec Air Côte d'Ivoire comme elle le fait déjà avec Kenya Airways dans son autre hub de l'Est africain.

Si la croissance annuelle du trafic passager se poursuit à 13 % en moyenne, ce sont 4 700 000 passagers qui sont attendus en 2020. « D'ici là, l'aéroport va investir sur fonds propres, sans aide de l'État, 39,7 milliards de FCFA », indique Gilles Darriau, directeur de l'aéroport, détaillant l'agrandissement des parkings, le prolongement d'un taxiway, l'extension du terminal, etc. Des travaux qui visent à augmenter la capacité pour pouvoir faire face aux pointes de trafic du hub le matin et le soir.

Thierry Vigoureux Le Point

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